Je voudrais profiter de cette nuit pour vider mon sac, avouer ce qui peut l’être et alléger ma conscience. Reclus dans une montagne désertée, un homme au crépuscule de sa vie, hanté par la guerre et ses férocités, revient sur son passé. À la mort qui s’avance, il livre le secret de ses failles : ce qui l’a conduit à vivre ici, à l’écart des hommes et, surtout, comment tout a basculé.
Dans ce nouveau roman, d’un noir écarlate, Alain Emery se risque à fouiller dans les ténèbres, à pénétrer à tâtons dans l’horreur et à s’entourer de fantômes ; les peines, les peurs, les humiliations sont des poussières d’âmes qui surgissent des interstices de sa mémoire jusqu’à toucher au plus près le cœur tourmenté du Silex. Écrivain aimant partager son gout pour le clair-obscur, il invite le lecteur à ne pas oublier ce qui fait de lui un être humain : la capacité à s’interroger sur son histoire, à en apprendre quelque chose et à s’en servir pour continuer à avancer un peu autrement dans son existence.
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SILEX d’Alain Emery, 88 pages, 12 € (+3,90 de frais de port)
ISBN : 979-10-94810-17-0 Parution prévue : 15 octobre 2018
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Roman bref mais d’autant plus efficace. Je viens de le lire d’une traite, sans pouvoir le lâcher, pris autant par le langage du narrateur, “héros” du roman, que par les événements de l’histoire. L’individu, border-line, légèrement psychopathe et quelque peu sentencieux, à mon avis, est éclairé (en lumière noire) par le style à la fois imagé (poétique) et fluide d’Alain Emery. Un style qui colle parfaitement avec le profil psychologique du personnage. L’introspection menée par ce dernier ne nous le rend pas sympathique et pourtant on s’attache à son monologue désenchanté. L’écriture sait aussi donner à la contrée inhospitalière où l’action se déroule des aspects fantasmagoriques et menaçants. On y rencontre des personnages sauvages et violents, dont on découvre peu à peu les liens délétères. Ce récit est un conte noir comme on peut en raconter aux grands enfants que nous sommes. En résumé, ne le ratez pas !
Merci, Joël… pour connaître ton écriture et ton exigence, je prends ça comme un très beau compliment…
Merci à Claude Le Nocher pour sa chronique bien avisée du nouveau roman d’Alain Emery.
http://www.action-suspense.com/-4?
Je viens de refermer le dernier roman court de mon camarade Alain Emery, un western montagnard, noir et désespéré. Des tableaux baroques à la Sergio Léone puis du Manchette noir et lapidaire (“ô dingos, ô châteaux” ou “Le petit bleu de la côté Ouest”). Alain m’avait suggéré de ne pas le lire le soir, mais le matin, c’est pire : on fait quoi, après une telle claque ? A part se remettre soi-même au boulot en espérant produire au moins une phrase aussi belle que celles qui viennent de nous traverser…
Je n’avais rien lu d’Alain depuis quelques temps et en tournant les pages je me suis rendue compte à quel point cela me manquait ! Un style viril et poétique servi par un conteur qui vous embarque pour une visite intense au cœur d’âmes sombres, d’un paysage dont on ne sait s’il façonne les hommes ou si ce sont eux qui le travaillent au corps, un suspense qui tient la route jusqu’à la ligne d’arrivée et au final, une lecture prenante. Et comme souvent, un goût pour les années d’après-guerre.
A consommer sans modération
Je viens de terminer la lecture de “Silex”, le nouveau roman d’Alain Emery. Mon but n’est pas ici d’en faire un résumé car on ne peut se contenter de réduire ce texte, littéralement porté par l’écriture puissante de son auteur, ses phrases abruptes qui nous font marcher dans cette montagne désertée au côté de Silex, surnom donné au narrateur. En exergue de son roman, Alain Emery cite William Faulkner qui – je le pense – n’aurait pas renié cet écrit, lui qui écrivait, non pas pour la gloire et le profit, mais pour bâtir quelque chose d’inédit avec la douleur et les sueurs de l’esprit. Ressemblance troublante, quand on connaît Alain Emery… Tandis qu’il agonise, Silex revient sur sa vie et ses crimes commis au nom d’une justice immanente. Au moment crucial, il lui faut confier ce fardeau – qui continue de le hanter – pour enfin trouver le repos, comme après chaque sentence exécutée. Il n’est pas question ici de faire défiler les événements douloureux d’une vie qui s’achève, mais d’en extraire le venin pernicieux qui s’y est insinué. La mort, le sang, la violence et la folie sont omniprésents dans ce récit froid et implacable. Alain Emery n’est ni dans la demi-teinte ni dans la demi-mesure. Il sculpte son texte comme un silex, dur, tranchant et sans âme. Il use – sans en abuser – de figures de style comme la métaphore ou la personnification : cette montagne et ce funeste couloir des gorges sont aussi en toile de fond de ce roman, comme des personnages à part entière. Page 8 : “La montagne est une griffe mauve et les nuages, qu’on croirait de braise, s’y éventrent en grognant.” Page 19 : “D’un coup d’épaule, je l’ai balancé dans cette gueule béante, d’où montaient de fades effluves de rouille et de semence.” Alain Emery, quoi qu’il en dise, est de la trempe de Faulkner, Giono, Garcia Marquez, Michon et quelques autres. Il est de cette ébène – bois noir par excellence – qui se fait rare. Il est un bois précieux qui émerge au milieu d’une forêt insipide qui s’impose aux lecteurs non avertis, à grand renfort commercial. In fine, il faut absolument lire “Silex”, ce roman qui ne nous épargne pas, et duquel on ne sort pas indemne. Alain Donnio
Avec un immense talent de conteur, Alain nous entraîne dans les méandres de l’âme du narrateur qui sentant la fin proche se confie par écrit aux inconnus qui trouveront sa dépouille.
Alain Emery renoue ici avec une période qu’il affectionne, celle de l’après-guerre qui fait et défait les héros.
Le narrateur est de ces hommes de l’ombre qui portent en eux la noirceur de leurs actions brillantes, ermite dans un pays de montagne magnifiquement vivant sous la plume de l’auteur, le bonhomme est devenu aussi rugueux que les pierres qu’il foule depuis des décennies, lorsqu’un fait divers vient réveiller ses vieux démons.
Les cadavres sont nombreux, il faut le dire, mais l’art de la narration est grand et la beauté de l’écriture ferait presque oublier le sang qui imprègne la terre.
Certains bourreaux ont aussi un cœur, ils ont ici un sens aigu de l’amitié qui nous les rendrait presque sympathiques sous la plume poétique d’Alain.
Allons, n’ayez pas peur du noir et laissez vous tenter !
Là-haut sur la montagne…
Court roman, très noir d’Alain Emery. Quelques lignes de «Gens de jadis», de William Faulkner, nous mettent dans l’ambiance, elle n’est pas souvent belle la vie.
Un homme attend la mort, il ne sait pas combien de temps il lui reste à vivre, et s’il verra l’aube prochaine. Alors il adresse une lettre à un inconnu, le prochain qui franchira sa porte découvrira son cadavre et les écrits de cet homme solitaire. Il y raconte sa vie, fragmentée sur plusieurs décennies, existence parsemée de morts violentes, la montagne n’est pas toujours bucolique.
La découverte d’un cadavre sur un chemin va le replonger dans un passé récent pas entièrement oublié. La guerre et les exécutions, les cadavres jetés dans un gouffre. Sauf que pour ce corps la guerre est finie, donc il s’agit vraisemblablement d’un crime. Pourquoi et par qui ?
Des braconniers découverts ? Ils étaient trois hommes et des chiens, des chasseurs, mais on ne tue pas pour si peu. La victime n’a pas été blessée là, mais mort ici. L’homme nommé Silex retrouve ses gestes du passé, charger le cadavre et le jeter dans une des nombreuses failles de la montagne.
Et se mettre en chasse des assassins, gens des environs et qu’ils côtoient sûrement…
Nous plongeons dans l’existence d’une petite communauté de femmes (peu) et d’hommes un peu plus nombreux, personnages semblant vivre en vase clos, chacun connait tout des autres.
Silex est le surnom donné à cet homme qui préfère le silence et la solitude. Vivre en ermite dans les bois, plutôt que de reprendre son poste d’enseignant en lettres. Il voulait également rompre avec sa famille adepte de Pétain avec son portrait au mur et la franquiste au revers de la veste.
Des bons et surtout des personnages peu recommandables. Là-haut comme ici-bas l’argent est une éternelle source de conflit.
Toujours une très belle écriture pour une histoire complexe se déroulant sur plusieurs années.
Du noir, très noir et dur comme le silex.
Extraits :
– Sur ce versant, il arrive que la belle saison empeste autant qu’une charogne.
– Mes parents, bien sûr, ont subvenu à mes besoins : comment aurait-il pu laisser crever un héros ?
– Sa chemise, poissée de sang, battait dans la brise, comme les ouïes d’un poisson sorti de l’eau.
– Nous vivions entre nous. Les gens d’en bas ne s’aventuraient pas sur ce versant.
– Quand vous lirez ça, je serai mort et ceux d’en bas m’auront oublié depuis longtemps. Je ne serai plus qu’une de ces légendes mourantes, dont l’écho n’en finit pas de se perdre.
– La vie me tirait d’un bout, la mort de l’autre, et mon âme était devenue un nœud indéchiffrable. Je veux bien vous l’avouer, à présent : quand ils ont fait appel à moi–la première fois en 1942, pour abattre un traître au fond des bois–je ne savais pas si j’étais capable de donner la mort.
– Je les ai vus s’installer au pays à l’automne 1947.
– Mais quand je suis revenu à la vie, tout avait changé. La nuit était sur nous, et pour longtemps.
– Je suis une bête nue dans la boue de son dernier hiver.
Note : 4,5/5
“Voilà un roman qui ne fait pas dans la dentelle: les personnages ne sont pas tous des tendres, loin s’en faut; à la limite, ce sont tous des taiseux, de ceux qui tuent d’abord et qui, éventuellement discutent.
Alors, se prendre de sympathie pour le narrateur? Pourquoi pas. Quoique, quoique. Drôle de personnage quand même, ce fataliste qui s’ignore. Fataliste, certainement, mais un fataliste qui ne tend pas l’autre joue. Sauf quand la mort se présente, il l’attend. Un peu comme une délivrance. Ou une fatalité.
Un roman donc tout en aspérités, dans les mots comme dans le récit. Mais des aspérités entourées d’une certaine tendresse. Tendresse pour une nature que l’auteur doit aimer. Comme Silex.”
« Le destin a parfois des facéties de chef d’orchestre. Il s’installe dans la fosse, y convoque cuivres et cordes, et leur distribue une partition écrite pour eux. Quand vous, soliste, débarquez dans ce théâtre , il vous faut vous caler dans la mesure. Suivre le mouvement. Vous n’avez pas d’autres choix. » (Alain Emery- Silex)
Le destin a voulu que je commande ce livre d’Alain Émery et que je le reçoive presque aussitôt…Coquin de sort! J’avais prévu de commencer à n’en lire que quelques pages, histoire de me mettre l’eau à la bouche, parce que bon…j’avais quand même des trucs à faire! Faut croire qu’ils n’étaient pas écrits, ces trucs, sur la partition du chef d’orchestre… C’est le destin! J’ai suivi le mouvement , le phrasé des événements et des révélations… je n’ai pu lâcher le livre qu’au point d’orgue final!
Super roman! Lisez le vous ne le regretterez pas!
Tiens, je viens de le relire Silex. Toujours aussi bien. Vraiment, ce n’est pas un pavé de 500 pages mais c’est un vrai bonheur de lecture, riche en trouvailles et d’une qualité d’écriture essentielle.
Une rencontre avec un texte somptueux…un auteur d’une profondeur d’âme incroyable. Son écriture organique est complètement incarnée…on ressent, on sent, on voit l’atmosphère, les personnages, le tout écrit en noir écarlate !
Merci Alain Emery pour cette inspiration.
Le livre s’appelle Silex, et j’ai dessiné le personnage en l’imaginant avant qu’il ne se confronte au grand fracas de la vie…
Un auteur à découvrir absolument !
Silex dessiné par Nathalie Sougnoux est à découvrir dans la rubrique Actualités
Quelques mots à propos de ce roman dont la lecture m’a procuré une sensation de délice et de frisson. Délice, à la découverte des magnifiques images qui sont la marque de la patte d’un ours pas comme les autres, et frisson, avec ce plongeon dans un monde noir.
Ce qu’écrit Alain, au tout début du roman, est sans doute en guise d’avertissement, comme une petite lanterne brandie, dont la faible lumière nous éclaire, avant que l’on pénètre dans la nuit du roman.
« Il arrive que la belle saison empeste autant qu’ une charogne ».
Le ton est donné…
J’ai aimé ce récit puissant qui nous rend haletants, comme au terme d’une course effrénée à travers les ténèbres.
Les descriptions se fondent dans le roman, avec justesse et harmonie, car elles ne sont pas plaquées là par hasard mais servent le récit, en lui donnant sa teneur, sa couleur.
« Le ciel s’était effondré aux premiers jours de juillet, avant de se couler dans la vallée–un sabre dans son fourreau–et des nuages alourdis de poussière et de glace avaient fini par recouvrir des sommets auxquels les rares et pâles éclaircies du matin donnaient des éclats d’épines de rose. »
Un sabre, des épines au service d’une histoire de vengeance et de représailles.
« La lumière déclinait déjà et la plaine, comme un velours caressé à rebours, s’était assombrie. Juste au-dessous de moi planaient trois vautours et le soleil–qui ruisselait sur l’os bleu des montagnes–les effleurait, comme un souffle sur de fins éventails de nacre. »
Dans « Silex », les vautours ne planent pas que dans le ciel !
« Nous étions à la toute fin de l’automne, il pleuvait dru. D’interminables averses grises, qui ondulaient sur la plaine comme de lourdes tentures. »
Un bijou, comme un silex, taillé dans le vif, à la fois pur et dur.
Un roman comme un chardon en fleur.
Un homme, ancien adjoint de la Faucheuse, sait son trépas imminent.
Il se souvient de ceux auxquels il a donné la mort, celui qu’il aurait voulu sauver et ceux pour qui il a commandé une deuxième vie.
Une écriture poétique et ciselée au service du noir intense.