« On est au tout début du printemps dans une combe perdue des alentours de Clamecy. Il reste des poches de neige sur le bord des talus.
Maigre, sale, le crâne tondu et vêtu d’un bourgeron trop grand pour lui, voici le gamin. Assis sur une pierre à l’orée d’un boqueteau de chêne, il tisonne un feu de bois mort en surveillant vaguement les quatre vaches qu’il a menées au pré. Des escar-billes rougeoyantes montent vers le ciel avec les flammes. Il serait en peine de dire son âge. Quant à son nom, il ne sait pas si c’est vraiment le sien. Jusque-là, à la ferme, on ne l’a jamais appelé que le gamin ou Machin, Truc, Toilàbas, Enfant de pute … »
Les nouvelles de Joël Hamm, elles vous filent une belle ivresse, de celles qui vous font voir le monde sous un angle inattendu. Françoise Guérin
Joël Hamm a écrit plus de cent cinquante nouvelles dont certaines ont été publiées dans des revues ou des journaux (Le Matricule des anges, l’Ours polar, Sol’Air, l’Encrier renversé, Le ligueur etc.), dans des recueils collectifs (Zonaires éditions, Terre de brume, Luce Wilquin, éditions du Perron, Cercle de mer…) ou mises en ondes par la Première de la RTBF.
« Ivresse de la chute » est le premier recueil publié en son nom.
Découvrez la bande-annonce :
Ivresse de la chute de Joël Hamm, 160 pages, 15 € (+3,90 de frais de port)
ISBN : 979-10-94810-18-7 Parution prévue : 30 janvier 2019
Attention : Livre épuisé
Pour acheter le livre et régler à partir d’un compte Paypal ou par carte bancaire cliquer sur le bouton ajouter au panier :
Je viens de terminer le recueil de nouvelles de Joël Hamm “Ivresse de la chute”. J’ai beaucoup aimé “Le sourire de l’ange” où à titre personnel je me suis un peu retrouvé, “La complainte de Marie Anna” qui ravive les images du film de René Clair “Sous les toits de Paris”, “Portait posthume” qui illustre parfaitement cette phrase de Mauriac: « L’enfance est le tout d’une vie, puisqu’elle nous en donne la clef. »
J’ai eu une tendresse particulière pour “L’autre Regard”; “Le Faussaire” pour sa réflexion sur l’impossibilité d’une pérennité du regard même à travers l’image; la vengeance froide dans “Le dernier mot”; l’inéluctabilité du destin dans “Le Signe”; l’humour aux odeurs entêtantes dans “Tempête sur un divan”. … Mais je pourrais les citer toutes.
A la lecture de ces Nouvelles, il se dégage une vision aiguë très personnelle posée sur le monde, un regard sans concession mais toujours bienveillant de l’auteur pour ses personnages, le tout servi par une écriture travaillée, pleine de nuances et de subtilités.
Après les mots de Françoise, (dans sa préface) tout commentaire paraît banal. Mais je me dois de le dire, l’Ivresse de la chute est un recueil qui se déguste avec surprise, bonheur. On se laisse emporter par l’ivresse du verbe, des situations, des chutes ! Bref, on en redemande !
Je suis en train de me régaler du recueil lui-même que je recommande absolument ! Le terminer va me laisser avec un petit goût de trop peu, alors ce sera délicieux d’aller chercher du rab sur le blog “Mot compte double” puisque l’hôte et l’auteur y sont généreux…
J’ai franchement beaucoup aimé lire les nouvelles de ce recueil.
Celle que je préfère est “Le sourire de l’Ange” parce qu’elle commence à la villa Médicis, parce qu’elle évoque le début de la Renaissance, parce qu’elle traite du mystère de la création picturale, parce qu’elle montre la transmission qui existe entre Fra Angelico, Masaccio et Lippi, ce qui génère une grande curiosité chez moi. L’architecture de la nouvelle bouscule les époques, rompt avec une écriture linéaire et permet à l’auteur de mettre en place un jeu de miroirs entre les lettres de David à Liza, les extraits de son journal, ses brouillons jetés à la poubelle et les extraits du roman écrits par ce même David qui explore l’époque du Quattrocento pour éclaircir le mystère du “Sourire de l’Ange” peint par Filippo Lippi. Naturellement la chute vaut son pesant d’or. Vraiment excellent !
J’ai également, dans un autre genre, beaucoup aimé “Tempête sur un divan” avec un Canal-Lacan plus vrai que nature – nœud pap et cigarillos – qui met en scène des séances de psychanalyse qui ont provoqué mon hilarité. Un côté “Septième fonction du langage”. Savoureux !
Dans un tout autre genre, comment ne pas être interpelé par « Les Barbelés » au thème dramatique (et ô combien actuel !) qui met en scène Salomon, un industriel travaillé par sa conscience, qui pose la question : “Notre peuple a terriblement souffert, j’en suis témoin, mais les victimes sont-elles condamnées à devenir à leur tour des bourreaux?”
“Le signe” est également une nouvelle angoissante très réussie. Puissance des images suggérées. “Vision du monde sous un angle inattendu” dit Françoise Guérin qui a préfacé le recueil. C’est tout à fait ça !
Ce qui m’impressionne dans ce recueil c’est à la fois la grande diversité des thèmes traités et la flexibilité, la transformation du style qui donne une grande cohérence à chacun des textes.
Il y a dans chaque nouvelle un effet de double détente parfaitement agencé : d’abord la découverte d’une situation souvent étrange, parfois violente, en rupture avec la précédente, dans laquelle on entre pas à pas et, ensuite, la chute générant surprise et étonnement, comme le veut la règle du genre.
J’ai relevé deux thèmes transversaux, presque obsessionnels, l’enfance et la mort, avec un mince fil les reliant entre eux : l’ivresse de la chute.
Ce recueil de nouvelles, c’est vraiment de la belle ouvrage !
Un recueil que la mort hante. Où les personnages sont comme des insectes cernés. Pris dans les filets de leur destin. Ou dans les barbelés. C’est selon. Bouffons de la fortune, dirait Roméo. Le Fatum auquel on se heurte et qui emprisonne ses proies. L’absurdité de l’existence, la vanité que c’est de se débattre contre l’inéluctable. D’où le sentiment d’enfermement qui domine, tout le long de la lecture. L’on s’échine à fixer la vie sur une photo, un tableau. L’un ira même jusqu’à inséminer son oeuvre pour la lui insuffler mais la mort est têtue et la vacuité du geste inexorable. C’est toujours une image de la mort qu’on obtient et finalement des gisants qu’on fixe sur pellicule. Ces trois photos seront aussi mystérieuses que la centaine d’autres qui dorment dans le sac de toile. Tous ces sourires sans nom qui peuplent la surface argentique finiront par disparaître aussi bien que les corps qui y ont laissé leur trace. Ce n’est qu’une question de temps (extrait de Faussaire). Et l’on aura beau tenter de les faire revivre ces morts, comme Elisa par le prisme de ses jumelles, c’est peine perdue. Seuls les mots pourront quelque chose et donner le change… Sauver une trace, la mémoire, un souvenir. Ainsi dans la dernière nouvelle du recueil où l’homme, zombi tant qu’il vivait, trouve à s’incarner et s’anime (au sens premier du mot) à travers son dernier message. Seuls les mots et peut-être aussi les grands-mères, personnages récurrents, un peu sorcières un peu fées, qui offrent un ancrage dans la vie et la possibilité d’une île.
Tout le recueil est irrigué par ce sens du tragique et c’est ce qui en fait, selon moi, la réussite et la profondeur. Profond et émouvant, comme ce magnifique texte Temps de chien, sans doute mon préféré, qui fait écho à un autre, souvenir d’enfance, où était déjà annoncée la mort du père, mort dont l’ombre plane sur les protagonistes décidément humains, trop humains.
Extrait de la chronique d’Eireann Yvon sur son site “Littérature d’Irlande, de Bretagne et d’ailleurs”
Beaucoup de personnages dont nous faisons la connaissance enfants et que nous suivons tout au long de leurs vies, plutôt courtes ! Comme Valentin Cendre, trouvé sous un porche parisien le 15 février, jour des Cendres, et le lendemain c’était la saint Valentin. Il avait signé pour une vie qui ne serait pas flamboyante, le pauvre gosse ! Un autre se souvient de son chien, Bobi, malade, il fût abattu par son père, ce qui provoqua chez lui un sentiment de vengeance. Treize à table, c’est vraiment à éviter, certains l’apprennent à leurs dépends ! Un homme retourne dans sa famille, mais le temps a passé, un enfant triche pour gagner un appareil photo, faussaire de si bonne heure ! Nous vivons avec un psychiatre nommé Jacques Canal des expériences peu ragoutantes.
Des textes plutôt très noirs pour la plupart, tous très bon également, de tailles très différentes passant de 2 à près de 20 pages.
Un excellent recueil, une découverte.
La chronique complète sur http://eireann561.canalblog.com/
Tout au long de ce recueil – virtuose et, mine de rien, profondément humaniste -, il y a cette voix élégante et discrète qui vous murmure à l’oreille, vous guide au fil de ces histoires (et Joël Hamm sait les raconter) et, au bout du compte, vous invite à regarder les choses autrement.
C’est toujours intelligent, chaque fois singulier, et d’une finesse réjouissante. A déguster comme une boîte de chocolats. Avec gourmandise.
J’ai un peu, beaucoup, passionnément… de retard dans mes lectures et les commentaires qu’elles m’inspirent. Quand j’ai ouvert le recueil de Joël Hamm, je savais que j’allais vivre un joli moment de lecture. Cela fait longtemps que je lis, en ligne, des nouvelles de Ma, primées dans les concours de nouvelles les plus prestigieux de France. Ce n’est pas pour lui faire plaisir, je suis sincère, son style est impeccable, son écriture ciselée, parfois poétique, ses histoires sont souvent noires, émaillées de très jolies images. Bref, il est l’un des très talentueux nouvellistes de la sphère des concours !
Dans ce recueil, les personnages sont souvent des enfants ou, s’ils sont adultes, leur enfance est évoquée. Des enfants cabossés par la vie, dont les brimades et le manque d’amour laissent des plaies profondes. Au cours de ma lecture, dès les premières pages, un petit bout de phrase m’a interpellée: « la nuit continue au-delà du jour ».
( Cendres ) C’est bien de cela qu’il s’agit, de personnages pour qui la vie n’est que ténèbres, qui ne parviennent pas à se débarrasser de cette « moisissure de l’âme » (portrait posthume ) : quelle belle image ! Un monde où « les marques d’affection ne sont que des incongruités comparables au pet en société » ( Sac d’os )
Mention spéciale pour la nouvelle « Le sourire de l’ange » à laquelle j’ai été très sensible car elle nous parle d’art, dans une ville qui m’est chère . Et coup de cœur pour celle intitulée « Ivresse de la chute » qui est vraiment un petit chef-d’œuvre à la … chute glaçante et inattendue.
À quand le second volume ?
Ayant eu le plaisir de faire partie du jury du prix Boccace 2020, cela fait un an que je veux absolument vous parler d’un bouquin extraordinaire… Seulement, la remise du prix a été plusieurs fois reportée. Depuis hier, c’est fait : IVRESE DE LA CHUTE, de JOËL HAMM (éd.Zonaires) a été couronné, et je peux enfin sans trahir lui tresser des lauriers mille fois mérités.
Joëlle Hamm n’est pas seulement un grand nouvelliste, mais un grand auteur tout court. Concis et précis, il parvient à donner corps à ses personnages en peu de mots, mais avec une force incroyable. Grâce à la variété des situations, jamais anodines, chaque texte est une surprise, chaque dénouement aussi, sans pour autant sacrifier à la nouvelle à chute. Il faut aussi souligner le travail de précision sur la langue, avec une finesse qui ne sent jamais la mise en scène stylistique. La sensibilité et l’humanité de ce recueil, de même, sont bien loin du pathos, et l’on a un immense plaisir à “sentir” derrière toutes ces histoires un auteur qui ne triche pas avec ce qu’il écrit, qui ne se met pas en avant, mais ne se cache pas non plus. Voilà l’un de ces rares bouquins qui peuvent mettre d’accord aussi bien le simple amateur d’histoires bien racontées que le littérateur le plus exigeant.
En résumé : une petite merveille. Jetez-vous dessus.
Je me suis glissée avec délectation dans la première nouvelle, Cendres, et je n’ai pas levé le nez avant d’avoir terminé ce recueil. L’écriture est ciselée, intelligente, forte, sensible. J’ai été happé et c’est bon ! Il y a une grande qualité de récit et d’écriture et en même temps quelque chose de simple, voir humble, dans ce que je crois percevoir de l’auteur derrière son écriture et cela me séduit. Il y a dans ces nouvelles une certaine mélancolie, un questionnement sur la fragilité de nos existences, ce n’est pas gai, c’est vrai mais l’humour pointe parfois avec élégance et c’est bon encore !
Avec les protagonistes des récits, j’ai lâché mon quotidien pour cueillir des haricots, rencontrer un psychanalyste bien connu, discerner des voleurs d’images côtoyer des morts des vivants, des mendiants, des chiens… tous sont restés dans ma tête.
Une merveille!
Magnifique recueil, d’un auteur bien talentueux qui a l’art de ciseler les mots pour qu’ils y accueillent en écrin la profondeur et complexité de l’humain. Tout en richesse de fond et de forme. De l’orfèvrerie littéraire. Si vous ne l’avez pas encore lu, ne passez passé à côté de cette ivresse !