Ils sont quatre marmots, hauts comme trois pommes, qui disparaissent de table entre la poire et le fromage, défaillent inopinément dans les recoins obscurs, rejouent des scènes de piraterie sous un grand séchoir à linge, se régalent de biscuits trempés dans du sirop au petit-déjeuner…
Leurs souvenirs, à hauteur d’enfant, revisitent la typographie de l’appartement qui a abrité leurs jeux, énumère les objets minuscules et fascinants qui le composent.
Ces chroniques d’un appartement visité de pièce en pièce donnent lieu à une exploration minutieuse où les sensations se décuplent, où tout ce qui semblait infime ou indigne d’intérêt se mue en un véritable événement.
Il marque le départ pour un voyage épique au goût de barbe à papa. Autant de péripéties immobiles portées par une écriture sensible et des illustrations tendrement facétieuses.
Originaire de Paris, Julie Legrand vit sur l’île de la Réunion depuis 2008.
Son écriture explore différents territoires littéraires : de la nouvelle au récit poétique, en passant par le théâtre ou l’album jeunesse. Ses nouvelles paraissent dans différentes revues littéraires, recueils collectifs d’éditeurs et de libraires, publications papier ou dématérialisées. Elle a publié deux romans : Constellation du corbeau (Zonaires édition et L’Extinction (La P’tite Hélène éditions). Quatre recueils de nouvelles : Sur le Rivage, Petites morsures animales, Tangor amer (Orphie), Les Ravissants (Zonaires éditions) et la novella La Fleur que tu m’avais jetée (Zonaires éditions). En 2017, elle crée la maison d’édition pour la jeunesse Alice au Pays des Virgules, anime et coordonne les ateliers créatifs pour enfants Déplicolor, dans différentes structures ou événements.
L’Antichambre de la pluie, recueil de nouvelles de Julie Legrand, illustré par Nicole Legrand, 80 pages, 14 euros + frais de port (4€, France métropolitaine) ISBN : 979-10-94810-48-4 parution prévue 10 – 15 mars 2023
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Dans cette antichambre, les objets sont les médiateurs des impressions retrouvées. Ils scellent temporairement des sentiments qui ne demandent qu’à s’échapper. Ils restituent un temps qui n’est jamais perdu pour qui sait les voir.
L’autrice traite ce thème avec une grande sensibilité et une pointe d’acidité qui est aussi sa marque de fabrique.
On adore !
Une écriture d’une grande sensibilité au service de nouvelles délicates qui provoquent notre propre retour vers des moments d’enfance où la vie s’exprimait dans sa plénitude sous le regard d’adultes bienveillants que nous aimerions tous avoir connus. Toute une époque évoquée avec précision et humanité. Ce recueil (grâce aussi à ses illustrations) a le charme des meilleurs souvenirs d’enfance. Il redore le blason de la tendresse, de la poésie et nous donne envie de perpétuer le bonheur de vivre dans le quotidien de notre monde adulte parfois si délétère.
Ce monde à part de l’enfance
Le nouveau livre de Julie Legrand, L’Antichambre de la pluie, est un récit en dix-huit courts chapitres comme autant de fragments, de souvenirs.
Il est revêtu d’une jolie couverture aux couleurs tendres de l’enfance, illustrée par Nicole Legrand, comme les dessins des pages intérieures.
Le ton est donné : l’autrice nous embarque en voyage dans ce monde à part, complétement étranger à celui des adultes et de leurs conversations ennuyeuses.
Elle fait revivre une atmosphère familiale particulière — que l’on suppose être la sienne — et tend à l’universel avec ces moments que nous sommes nombreux à avoir connu, comme le rituel de la galette des rois ou la splendeur de Noël, ou bien qu’elle nous fait ressentir comme réels et palpables.
Est-ce pour conjurer l’ennui des discussions passant au-dessus de leur tête que les petits enfants de la rue de Fleurus disparaissaient systématiquement de table entre la poire et le fromage ?
Le récit est jalonné d’objets, de parfums et de goûts de sa mythologie personnelle et sensuelle : les boudoirs Brossard (tels des madeleines), la desserte à roulettes, un téléphone orange, le bain moussant Obao, des billes de plomb, le calendrier de l’Avent, la barbe à papa, les émissions de divertissement ou politiques assorties des commentaires du grand-père, le parfum Shalimar et le “pépin” de la grand-mère.
Deux personnages sans noms, figures des grands-parents, simplement désignés par La Cuisinière et Le Grand Garagiste, traversent le recueil. C’est justement dans le (presque) huis-clos de leur appartement de la rue de Fleurus que se déroulent ces histoires, les jours de pluie et lors des interminables repas familiaux.
Dans cette unité de lieu, pièce par pièce, de la fameuse antichambre à la chambre bleue, reléguée au fin fond du couloir, en passant par la salle de bain et sa baignoire à pieds de lions, tout est prétexte à un jeu, une aventure, une espièglerie ou une chute cuisante sur le tapis.
Ce pays de l’enfance est celui de la joie, mais aussi celui de la mélancolie du dimanche soir et d’un monde qui n’est plus.
Un récit tout en finesse et sensibilité, très réussi.
Marie Martinez